CHRONO
PUNK
(Ici,
la figure Mythologique est Lou Reed)
À
Lou Reed
Quain-t
ech monne i n’sra pu fo qu’in bo noir por nos quate zius ébolis
– énne plaje por deus z’éfant fidèle – ènne majon qu’ele
cante por no clér chochonnache, ej saré vos trové.
J’a u kèr à lire Arthur Rimbaud, pi parélh ech Jack Kerouac :
Si qu’mizote ej résto
ichi, cha finirot qu’ej varé l’badeu dech vilache, à randir émi
chés tofes d’erbe-ed-fabrique, ej finiro din in lapin, ej frugo
chés brainkes, j’apoursuivro chés bèles vakère….
Héé-héé-héé-héé ! Rénondidhius d’didhiu !
J’a core toudi branmint d’tindrèsse à zz’arlire, chés
livres-la, mé j’a viuzi : su l’débout d’min né, n-y’a
més leunètes qu’i me nnin fèt’t’ ramintuvoir, eque j’a
viuzi pi qu’je n’su pu su l’cochie. Oubin, toudi, pu toudi –
Din l’tenp mi j’alo coraint
l’monne… ej n’avo pon core dijneu-vains qu’j’avo copé més
longs caveus d’bisnik, awé, ej’n’àcouto pu si-taint On
the road again ed
Canned Heat, vu qu’par in bio jour j’avo ké.u dzeur in viu dikse
à ch’Velvet Underground ack chele filhe Moe Tucker, Sterling
Morrison – y’é dévié, achteure, lizote -, John Cale – echti
lal, ch’t’in Galoi-, é-pi core in puke Lou Reed – in doét
dir’ Lou Reed… mé
mi j’a toudin u pu kèr à dire Lou Rède,
pi si qu’ej m’àrtaro
pon j’diro Leu Rède !
ch’é-t insin… Pi à l’suite ed tout cha ej’ m’a mé à
àcouté tous lés dikses à ch’ Lou Rède... Pi i m’ sanne à
vire que ch’ét d’la que m’vie ale a canjé, ènne photo qu’j’a
vu d’ Lou Réde qu’i n’avot quazimint pu un poilh su s’tète,
dzeur chl’albom Rock’n’roll
animal. Mi, j’à fét
propre el mènme au mo d’juyét 1975 (copé caveus), pi j’alo
coraint l’monne… por mi dékènne el pouche in-n èr duska
Bérck-plaje, àrttrové l’ thiote fàrfue d’ Babète, qu’èle
ale réstot à Flèr-in-n-Escrebieu, mizote à Sin-l’-Noble, ch’
ét tou-t à l’ intour ed Doué tout cha, mé la ale étot in
vagainces ack es’ matante pi sin mononke, à l’ mer. – Quain-t
ale a vu m’ nouvèle tète es’ ghife ale a canjé ; Quoche
eque t’a fét la ! Man qu’ t’ é pon bio conme cha !
Cha ‘va pu tizote. Awé,
ch’ét-t insin qu’ Babète ale m’ àrchu é-pi ostot rinvoyé…
Je m’ tuo a li déringé eque Lou Reed , Rock’n’roll
animal é-pi ch’
Velvet Underground, tout cha, èle a n’voyot fo qu’ezz hippies,
é-pi zz ch’ réstant ch’étot du brin. Babète, a n’avot kèr
eque Crosby, Stills, Nash é-pi Neil Young, pi core chés Doors
à-cose ed Morrison – pon Sterling, l’ote : Jim. Li étou
y’a dévié, ej n’in die mie du ma, Neil Young nin pu, ch’étot
core dés rudes… Bon, ch’chu rintré tourad, min pouche in-n èr,
à Sin-l’Nobe, min gaziot séré, é-pi vla qu’din m’canme ej
m’à mé à àcouter in-n abloukes tous més diskes eque j’avo
d’Leu Rède, tout d’mitinbout d’més vagainces. E-pi j’n’à
pu àrtorné à min licé, ej n’a pu àrvu Babète, j’a kminché
à ouvré, pi aveuck min preunme gaingnache ej m’à acaté dés
lives pi core ed’zotes dikses…
Echl’ainnée
passaint, in-z étomes rindus en 76, qu’in-n alot intènne edvizé
d’chés Sex Pistols… La tourade, ack ech Frèd Cask’
ed or -min thiot
frarot -, in-n alot vir din l’sale dés fiètes ed Sin l’Nob,
Takavir ! Eddie and the Hot Rods. E-pi bétot, i n-y aura chés
Stranglers – Rénondidjous’ nondidjou d’mahousse ! –
euzote, la, i-z éto’t’ vrémint téribes !- …Toudi su
l’cochi mi j’dévalo à Londe, Pari, Brussèle, au mitan d’tous
chés punks qu’i-z avo’t’ dés caveus parèlh eque mi.
Achteure,
j’à toudi dés courts caveus, n-y’a core dés punks tout
partout, pi j’n’a nin àrnonché à acaté chés dikses eque Lou
Raide i déssake. Mé li étou i mét dés leunètes por lir’
Rimbaud, Kérouac, ou zz’otes dérvés… li, Edgar Allan Poe ;
mi, Dylan Thomas. In-n ét vnu vius, li core puke – E-pi n’-y’
a toudi su l’cochie dés jonnes punks (pètète dés jonnes ed
punks, achteure !), dés bisniks é-pi toute, ack el tènp j’à
aprind qu’ch’étot el mènme, dés jonnes qu’is rèv’te d’in
monne déloyé pi innsécanmint pu amiteu…
Achteure,
ch’chu fo qu’in viu punk, trécopant in chim’tière aveuck deus
boutlots d’io. Ech’chu fo qu’in viu punk qu’i àwète ènne
tère dormoire… In viu punk, é-pi dzeur ènne cro n-y’a d’marké
chés thiots-noms ed dés jonn’jins qu’i-z airont toudi
dijneu-vains…
Traduction
française de CHRONO PUNK
Quand
le monde sera réduit à un seul bois noir pour nos quatre yeux
étonnés – une plage pour deux enfants fidèles – une maison
pour notre claire sympathie, - je vous trouverai.
J’ai aimé lire Arthur Rimbaud et encore Jack Kerouac : Si
j’habitais dans ce coin, je finirais par devenir l’idiot du
village errant parmi les armoises, je finirais en lapin, je
grignoterais les branches, je chasserais les jolies vachères…
Hee-hee-hee-hee ! Bon Dieu de bon Dieu.
J’ai toujours beaucoup de tendresse à relire ces livres là, mais
j’ai vieilli : sur le bout de mon nez des lunettes me
rappellent que je ne suis plus sur la route. Ou alors plus toujours –
Jadis, j’allais courant le monde - …Avant d’avoir dix-neuf ans
j’avais déjà coupé mes longs cheveux de beatnick, oui, je
n’écoutais plus autant On
the road de
Canned Heat, car un beau jour j’étais tombé sur un vieux disque
du Velvet Underground avec la fille Moe Tucker, Sterling Morrison,
aujourd’hui lui est mort, John Cale – celui-là, il est gallois-,
puis encore Lou Reed – on doit dire Lou Ride,
je
le sais. Mais moi j’ai toujours préféré dire Lou Raide.
C’est
comme cela… Et à la suite de ça, je me suis mis à écouter tous
les disques de Lou Reed… Et j’ai comme idée que c’est là que
ma vie elle a changé, une photo que j’ai vu de Lou Reed le crâne
rasé, sur l’album Rock’n’roll
animal. Moi,
j’ai fait pareil au mois de juillet 1975, pi j’allais courant le
monde… pour moi descendre en auto-stop à Berck-Plage, retrouver ce
petit feu-follet d’Elisabeth, elle habitait Flers-en-Escrebieux,
moi Sin-le-Noble, c’est autour de Douai tout ça. Mais là, elle
était en vacances avec sa tante et son oncle à la mer – Quand
elle a vu ma nouvelle tête son visage a changé : Qu’est-ce
que tu as fait là ? Maman que t’es vilain comme ça !
Toi, ça ne va plus ?
Oui, c’est de la sorte qu’Elisabeth elle m’a reçu puis aussi
vite remercié… Je me tuais à lui expliquer que Lou Reed,
Rock’n’roll
animal puis
le Velvet Underground,
tout ça, elle n’en avait que pour les hippies, et les autres
c’était de la merde. Elisabeth, elle aimait seulement Crosby,
Stills, Nash & Neil Young puis encore les Doors à cause de
Morrison – pas Sterling l’autre, Jim. Lui aussi il est mort puis
de lui là, je n’en dis pas du mal comme pour Neil Young, c’est
encore des bons… Je suis rentré très vite, en auto-stop à
Sin-le-Noble, la gorge serrée, puis voilà dans ma chambre j’ai
écouté en boucles toutes les vacances mes disques de Lou Reed. Puis
je ne suis pas retourné à mon lycée, je n’ai jamais revu
Elisabeth, j’ai commencé à travailler et avec mon premier salaire
je m’achetais des livres et encore beaucoup de disques.
L’année
passant, nous voici en 1976, on allait entendre parler des Sex
Pistols. Là, tout de suite, avec Fred Casque
d’or, mon jeune
frère, on allait voir, dans la salle des fêtes de Sin-le-Noble, tu
n’as qu’à voir ! Eddie and the Hot Rods. Puis aussi bientôt
il y aurait bientôt les Stranglers – Nom de Dieu de Dieu de
Truie ! Ceux-là étaient vraiment terribles ! - …Toujours
en route, moi j’allais à Londres, Paris, Bruxelles, au milieu de
tous ces punks qui avaient des cheveux pareils à moi.
Aujourd’hui,
j’ai toujours des cheveux courts, il y a encore des punks partout,
je n’ai pas renoncé à acheter les disques que Lou Reed il
réalise. Mais lui comme moi, on porte des lunettes pour lire
Rimbaud, Kerouac, ou d’autres poètes furieux – lui, Edgar Alan
Poe, moi, Dylan Thomas. – On est devenu vieux, lui encore plus –
Puis il y a toujours sur la route des jeunes punks (peut-être des
enfants de punks aujourd’hui !), des beatniks puis d’autres,
avec le temps j’ai appris que cela c’était la même histoire,
des jeunes qui rêvent d’un monde libéré puis beaucoup plus
amical…
Aujourd’hui,
je ne suis qu’un vieux punk, traversant un cimetière avec deux
bidons d’eau. Je ne suis qu’un vieux punk qui regarde une tombe…
Un vieux punk, puis inscrit sur une croix les prénoms de jeunes
personnes qui auront toujours dix-neuf ans.
Le
15.01.2003.
J'en profite pour redonner là, à la suite, une partie d'un supplément d'un n° de Ffwl Lleuw, paru en 2017, dont on me réclame encore souvent des exemplaires mais il est épuisé ! Pour info le tout dernier texte à propos de Delmore Schwartz a été initialement écrit en picard mais je ne donne pas cette version ici mais si toutefois des personnes sont intéressées qu'elles me contactent via : christian.dequesnes@orange.fr
FEU DE BROOKLYN
Lou
Reed – 1946-2013.
Avertissement :
Toute personne qui se demande trop longtemps ce que vient faire Lou
Reed, le rocker noir, je préfère écrire rauque-coeur, du
Souterrain de Velours (The Velvet Underground), dans un dossier
consacré à la Poésie contemporaine de New-York,
s'expose à recevoir, un jour où l'autre... plutôt une nuit !
...la visite du Corbeau d'Edgar Allan Poe
Aujourd'hui,
il est a peu prêt normal de savoir énoncer que Lou Reed est
auteur-compositeur-chanteur, musicien-guitariste et photographe ;
aussi co-fondateur, avec le Gallois, l'homme à tête de cheval
pianiste, violoniste et compositeur-chanteur de génie John Cale, de
The Velvet Underground qu'Andy Warhol a pris sous son aile, en sa
Factory de New York, afin qu'ils puissent enregistrer leur premier
album à la pochette, devenue légendaire, de la banane jaune
(originale ! Elle s'épluche est devient rose...) sur fond
blanc... Puis toute la suite, la descente au enfer via les drogues,
le sauvetage de l'icône montante de New-York, à Londres par le
jeune prince David Bowie qui produira l'album de la transformation de
par 11 chansons dont on pourrait croire qu'elles annoncent un jour
parfait, mais c'est un leurre comme en témoigne son universel
tube« Walk on the Wild Side » ==> Holly venait de
Miami, Floride / Elle traversa en stop les Etat-Unis / En route elle
s'épila les sourcils / Elle rasa les jambes et alors il devint elle
/ Elle dit, Hey baby, vient faire un tour du côté obscur […]
Rappel :
« Le poète est un Voleur de Feu » a annoncé dans sa
voyance Jean-ARthur Rimbaud et voilà qu'il me semble en-corps plus
juste quand nous lisons les paroles des chansons de Lou Reed.
Lou
Reed est avant tout un homme de l'écriture des mots, c'est pour
mettre ceci en avant qu'il adoptera le vecteur de la rauque musique,
la voix de Lou Reed a toujours était rauque et non rock, c'est sa
marque de fabrique, quand il chante non pas en musique mais contre la
musique, tout contre, la serrant de sa voix et de son art pour non
pas la détruire... (à la différence des punks qui verront en lui
que leur grand-père) ...mais pour la dompter pour au final, de par
ses mots, la libérer ; cette remarque me vient en grande partie
de mon Amour, libération en final musical d'actes d'Amour total car
malgré toute la quasi-noirceur des textes de Lou Reed, c'est bien à
mon sens toujours d'Amour qu'il s'agit même si c'est sordide,
désespérant mais par-delà du Feu de Brooklyn... – Lou Reed y a
toujours pratiquement toujours vécu - ...il y a l'attente, la
recherche de l'Amour qu'il finira par vivre et célébrer réellement
dans les dernières décennies de sa vie avec la violiste Laurie
Anderson.
Pensant
le dévier de son inclination homosexuelle, alors qu'il est âgé de
17 ans, ses parents, sur les conseils de spécialistes de la
psychiatrie de l'époque, consentent à lui faire subir des séances
d'électro-chocs. Il évoque cette douloureuse et sordide expérience,
en 1975, dans la chanson Kill Your Sons. Globalement la poésie
radicale, crue bien souvent, parfois même choquantes témoigne
encore et toujours de son traumatisme qui est aussi celui de toute un
peuple de la nation américaine, plus encore de la ville de New York,
pourtant néanmoins lorsque, rarement, il écrit sur la Lumière, le
Soleil et la Spiritualité, l'éblouissement atteint des sommets.
Après l'épisode des électro-chocs, Lou Reed qui très tôt c'est
passionné pour la littérature, s'inscrit à l'université de
Syracuse de l'état de New York où sa rencontre avec son professeur
de littérature, le poète Delmore Schwartz*... - 1913,
Brooklyn-1966-New Yok ...est déterminante, il applique dés lors à
ses textes l'art de l'écriture inventive de son professeur et il
fait le choix du vecteur de la musique rock et populaire afin de les
faire entendre.
Après
presque deux décades d'une carrière, tumultueuses et riches en
rebondissements du Velvet Underground à son album Mistrial,
considéré à tord comme l'un des plus mauvais de sa carrière,
alors que tous les spécialistes le disent fini, voir moribond, celui
qui est Le Feu de Brooklyn est de retour via la cité de La Grosse
Pomme avec un album, en 1989, New York qui remet toutes les pendules,
à bonne heure ! de la réalité de la nation du pays des Etats
Unis.
Les
titres de ce brûlot incontournable sont :
- Roméo Had Julliette : Lou Reed revisite, à sa manière , le mythique couple de William Shakespeare « Pris entre les perfides étoiles, les lignes mouvantes de la carte erronée / Qui ont amené Colomb à New-York […] Il a un crucifix en diamant à l'oreille qui l'aide à chasser sa peur / D'avoir laissé son âme dans une voiture de location quelconque […] Roméo Rodriguez roule des mécaniques et maudit Jésus / Il passe un peigne dans sa queue de cheval noire […] Et la voix de Juliette tintait comme des clochettes ».
- Halloween Parade : Lou Reed dénonce l'absurdité de la mascarade qu'est Halooween « […] À la frontière des docks et des terrains vagues / Cet Halloween ça va être quelque chose c'est certain / Surtout d'y être sans toi […] Et alors mon sang commence à se glacer […] On se revoit l'an prochain ? À la parade d'Halloween ».
- Dirty Blvd : Lou Reed nous saisie la main et nous (en)traîne sur le boulevard crade devant l'Hôtel Wilshire « Pedro campe devant le Wilshire Hotel / Il observe derrière une fenêtre sans carreau / Les murs sont en carton […] Et son paternel le tabasse car il est trop crevé pour mendier / Il a neuf frères et sœurs / Ils sont élevés à genoux […] Il a trouvé un livre un sur la magie dans une poubelle / Il regarde les images et fixe les fissures du plafond / 'Je compte jusqu'à trois', dit-il, / 'Je souhaite pouvoir disparaître et m'envoler loin, loin...' »
- Endless Cycle : Lou Reed ne c'est jamais pris pour ce qu'il n'est pas, ni pour Pierre Bourdieu, pourtant il nous parle du déterminisme social aussi puissamment que n'importe quel sociologue « Les travers du père se transmette au fils / Le laissant déconcerté et perplexe […] Comment pourrait-il faire ce qui doit être fait / Alors qu'il est un suiveur, non un leader[...] »
- There is Not Time : Lou Reed nous signifie que l'on est vraiment tous très mal embouchés via cancer 'holocaustiste', car tel est son humour, généralisé en fond de toile « Ce n'est plus le temps des cérémonies […] Ce n'est pas le temps des fanfares [...]Ce n'est plus le temps de mon pays qui aurait raison ou tord […] Souvenez-vous où cela nous a mené […] Ce n'est plus le temps du profit personnel / C'est le temps de marche ou crève / On ne nous repassera pas les plats / Nous n'avons plus le temps ».
- Last Great American Whale : Lou Reed règle en public, pour grandir, ses comptes avec sa mère qui est une sinistre baleine made in U.S.A... Puis il annonce l'inévitable exécution de la sentence« […] Argentée et noire avec de puissances nageoires / On dit qu'elle pouvait fendre une montagne en deux / C'est comme ça qu'on a eu le Grand Canyon / Certains disent l'avoir vue vers les Grands Lacs / Certains disent l'avoir vue au large de la Floride / Ma mère m'a dit l'avoir vue à Chinatown / Mais on ne peut pas toujours faire confiance à sa mère […] Un péquenot local membre de la NRA / Avait un bazooka dans son salon / Et croyant qu'il avait le Chef dans sa ligne de mire / Fit sauter la cervelle de la baleine avec un harpon de plomb […]
- Beginning of a Great Adventure : Malgré tout Lou Reed veut nous dire qu'il y a peut-être encore un peu d'espoir, à condition que... : […] J'espère que c'est vrai ce que ma femme m'a dit / Elle dit, chéri, « C'est le début d'une grande aventure […] ça pourrait être marrant d 'avoir un gosse à qui je pourrais transmettre quelque chose / Quelque chose de meilleur que la rage, la souffrance, la colère et la douleur ».
- Busload of Faith : Lou Reed nous réveille et nous nous secoue du plus lucide des conseil « […] Tu peux compter sur la cruauté / L'indigence de la pensée et de la musique / Tu peux compter sur le pire pour toujours arriver / TU AURAS BESOIN D'UNE MONTAGNE DE FOI POUR T'EN SORTIR. »
- Sick of You : Lou Reed nous signifie qu'il y en assez de tout cela et que comme nous ne réagissons pas il en a marre « Bon je sais que quelque chose est sûr et certain / C'est qu'ici c'est le zoo et le gardien ce n'est pas toi […] Ils ont ordonné les Trompes et il a eu les oreillons / Et il est mort durant son traitement à l'hôpital Mt-Sinaï / Et mon meilleur ami Bill est mort à cause d'un comprimé toxique / Qu'un de ces docteurs sous speed avait prescrit pour le stress […] Et j'en ai marre de tout ça / J'en ai marre de toi / Bye, bye, bye. »
- Hold On : Malgré tout, encore une fois, Lou Reed nous dit de tenir bon, de ne pas raccrocher et même si « Il y a des Noirs avec des couteaux et des blancs avec des clubs de golf / Qui se battent à Howard Beach / Il n'y a rien qui ressemble au droit de l'homme / Quand vous marchez dans les rues de New York / Ne raccroche pas – il se passe quelque là / Ne raccroche pas – On se retrouve à Tompkins Square […] Les nantis et les non-nantis sont dans le même bain de sang / Cela est l'avenir de New York, ce n'est pas le mien. »
- Good Evening Mr. Walddheim : Lou Reed pose toujours les questions essentielles « Bonsoir M. Waldheim / Et toi Pontife comment vas-tu ?[…] Oh terrain d'entente / Est-ce que terrain d'entente est un mot ou bien juste un bruit […] Ou est-ce vrai ? […] Que le terrain d'entente pour moi c'est sans toi […] ou bien est-ce vrai ? […] Qu'il n'y a pas de terrain où l'on pourrait s'entendre toi et moi. »
- Xmas In February : C'est clair et net ! Lou Reed (re)met les points sur les i. et la barre au t. « […] Hendrix passait sur un juke-box indigène / Ils priaient pour qu'on les sauve […] Si vous plaît aidez ce Vétéran à rentrer à la maison' / Mais il est à la maison / Et il n'y a pas de Noël en février / Peu importe combien il a pu en sauver. »
- Strawman : Lou Reed s'adresse à l'épouvantail de nos existences, il nous averti qu'Excalibur veille. Comment ne pas penser à une vision de prémonition directement liée aux deux tours du World Trade Center du 11 septembre 2001 en le quartier des affaires de New York « […] Epouvantail, qui va droit au diable / Epouvantail, qui va droit en enfer / […] Quelqu'un a-t-il besoin d'un autre gratte-ciel sans âme […] Une épée flamboyante ou peut-être une arche d'or flottant sur l'Hudson / Quand tu craches dans le vent cela te revient, direct, dans la figure. »
- Dime Store Mystery : Lou Reed conclue et s'en est biblique « […] Je voudrais ne pas avoir gaspillé mon temps / Tellement avec l'humain et si peu avec le divin / la fin de la dernière tentation / La fin d'un mystère de bazar. »
Puis
enfin, un type à la voix rauque qui en 2003, avec son double album
The Raven, offre à (re)découvrir à des générations le Poème Le
Corbeau d'Edgar Allan Poe ne pas être un mauvais bougre pour la
Littérature universelle.
[…]
Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
Et
le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur
le buste pâle de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ;
et ses yeux ont toute la semblance des yeux d'un démon qui rêve ;
et mon âme, hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le
plancher, ne pourra plus s'élever, - jamais plus !
Le
Corbeau – extrait et final – d'Edgar Allan Poe,
traduction
de Charles Baudelaire.
Je
comprend, seulement maintenant que Le Corbeau est Lou Reed puis,
pauvre nous, nous sommes là, hélas, comme en New York !
Christian-Edziré
Déquesnes, le 2 juillet 2017, 17h18.
DELMORE
SCHWARTZ
- 1913/Brooklyn – 1966/New-York -
Peu
(re)connu, c'est pourtant l'un des écrivains et poètes majeur de la
Littérature New-Yorkaise du siècle 20. T.S Eliot, William Carlos
Williams et Ezra Pound s'intéresseront à l'écriture de Delmore
Schwartz alors qu'il a peine 25 ans. En 1959, il est le plus jeune
auteur américain à se voir décerner le Bollinger Prize. Au milieu
des années cinquante, il devient le mentor de Lou Reed qui écrira
deux chansons inspirées par Delmore Schwartz – European Son,
en 1966 avec The Velvet Undrground et My House, en 1982. Au
début des années soixante , Delmore Schwartz sombre dans
l'alcoolisme et une profonde dépression aggravée, vivant reclus
dans un hôtel de Manhattan. Le roman Homboldt's Gift / Le Don de
Humbold, paru en 1975 et prix Pulitzer, de l'immense
écrivain québécois Saül Bellow (prix Nobel de Littérature en
1976) s'inspire des derniers jours de Delmore Schwartz. De ce
dernier, on peut lire, car traduit bien que tardivement, en
français :
- L'enfant est la clef de cette vie (un recueil de six nouvelles) - Editions du Rochers-2002
- Screeno (version bilingue devenue très rare) – Editions du Rochers-2002.
- Le monde est un mariage – Editions Le Serpent à plumes-2006.
- Hôtel Delmore (Chroniques) – Editions Ombres-1991.
Egalement
de Daniel Bismuth, son traducteur français, le livre qu'il lui a
consacré : Delmore Schwartz ou Le Démon de l'origine. -
Editions du Rocher-1991.
De
Lou Reed, il est recommandé de lire, à ceux qui voudrait
approfondir le sujet : Traverser Le Feu – Editions du
Seuil/Fip-2008, intégral des textes de 1967 à 2000, pas seulement
des chansons du Loup du Feu de Brooklyn, la mise en page original des
textes est remarquablement originale et de la volonté de l'auteur
qui précise dans sa préface que le vers exact pour le titre est
initialement « ...Travers le feu qui lèche vos lèvres »
et qu'il a hésité avec l'un de ses autres vers préféré «
Il ya une porte en face pas un mur ». Dans ce livre, dédié à
son Amour, la violoniste Laurie Anderson, l'on trouve, au-delà de
l'immense éclat de la « noirceur », des brûlots
flamboyants d'une Lumière et Spiritualité éclairantes tel que :
Here She Comes Now, Jesus ou Fly into the Sun.
1er
juin 2012
Ô
Delmore, comme vous me manquez. C’est vous qui m’avez insufflé
l’envie d’écrire. Vous êtes le meilleur homme que j’aie
jamais rencontré. Vous saviez saisir les émotions les plus
profondes avec les mots les plus simples. Vos titres étaient plus
que suffisants pour éveiller en moi des muses enflammées. Vous
étiez un génie. Maudit.
Les
folles histoires. Ô Delmore, j’étais si jeune. J’y croyais
tellement. Nous formions un cercle autour de vous pour vous écouter
lire Finnegans Wake. Si hilarant mais incompréhensible sans
vous. Vous disiez qu’il y avait peu de choses meilleures dans
l’existence que de se consacrer entièrement à Joyce. Vous aviez
annoté tous les mots des romans que vous empruntiez à la
bibliothèque. Tous les mots.
Et
vous disiez écrire une comédie semblable à The
Pig’s Valise. Ô
Delmore, c’était faux. Après que votre ultime délire vous ait
conduit à une crise cardiaque à l’Hôtel Dixie, Ils ont cherché.
Il a fallu trois jours avant que l’on vienne vous réclamer. Vous,
l’un des plus grands écrivains de notre temps. Il n’y avait pas
de valise.
Vous
portiez la lettre de T.S. Elliott dans une poche près de votre cœur.
Son éloge d’En
Rêves*.
J’aurais voulu que cela empêche ce mariage**. Rien de bon ne
sortira de cette histoire !!! Vous aviez raison. Vous nous avez
suppliés : « Je vous en prie, ne les laissez pas m’enterrer
à côté de ma mère. Faites une fête pour célébrer mon départ
vers, je l’espère, un monde meilleur. Et toi Lou, tu ne dois
jamais écrire pour de l’argent sinon je te hanterai : je te le
jure, tu sais bien que si quelqu’un peut le faire, c’est bien
moi. »
Je
lui avais remis une nouvelle. Il m’avait donné la note B. J’étais
tellement blessé et honteux. Pourquoi me hanter si je n’avais
aucun talent ? J’étais le marcheur de L’ours
balourd qui m’accompagne*.
Et je l’amenais à des cocktails littéraires. Il les haïssait.
C’était de ma faute. Quelques verres plus tard, sa chemise était
déboutonnée, un bout sortait de son pantalon, sa cravate était
dénouée et sa braguette, ouverte. Ô Delmore ! Tu étais si beau.
Appelé Frank Delmore, danseur étoile d’un film muet. Ô Delmore,
votre cicatrice pour avoir tant bataillé avec Nietzsche.
Nous
lisions Yeats et la cloche avait sonné mais le poème n’était pas
terminé, vous n’aviez pas fini de lire, quand bien même des
ruisseaux liquides coulaient de votre nez, vous ne vous arrêtiez pas
de lire. J’étais cloué sur place. J’ai pleuré –
l’amour du mot – l’ours balourd.
Vous nous avez
demandé de nous introduire dans le domaine de […] où votre
femme était retenue prisonnière. Vos poignets étaient brisés par
vos ennemis. Vos pilules brouillaient votre brillante intelligence.
Je
vous ai rencontré dans le bar où vous veniez de commander cinq
verres. Vous disiez qu’ils étaient tellement lents que vous auriez
dû commander à nouveau avant d’avoir bu le cinquième verre. Nos
cours de whisky. Le vermouth. Le jukebox que vous haïssiez, avec ses
paroles si pathétiques.
Vous
avez appelé la Maison Blanche un soir pour protester contre leurs
actions à votre encontre. Ils avaient donné une bourse à votre
épouse pour l’éloigner de vous et l’envoyer dans les bras de
n’importe qui d’autre en Europe.
J’ai
entendu le vendeur de journaux pleurer : Europe, Europe.
Donnez-moi
assez d’espoir et je me pendrais.
Hamlet
venait d’une vieille famille aristocratique.
Certains
le croyaient saoul mais, en fait, c’était un maniaco-dépressif,
ce qui revient à avoir les cheveux bruns.
Vous devez
prendre votre douche seul, un acte existentiel. Vous pourriez glisser
dans la douche et y mourir, seul.
Hamlet
a commencé par dire d’étranges choses. Qu’une femme ressemblait
à un melon d’Horace : une fois ouverte, elle commence à
pourrir.
Ô
Delmore, où était donc le Vaudeville pour une princesse*?
Un cadeau offert dans les loges par la star pour la princesse.
La
duchesse a fourré son doigt dans le cul du Duc et le royaume s’est
évanoui.
Rien
de bon ne sortira de tout ça, arrêtez de lui faire la cour !
Monsieur,
vous devez vous taire ou je serai forcé de vous vire
Delmore
comprenait tout cela et pouvait l’écrire parfaitement.
Shenandoah*. Vous étiez trop bon pour survivre. Vos lumières ont eu raison de vous
Shenandoah*. Vous étiez trop bon pour survivre. Vos lumières ont eu raison de vous
L’attente de la
gloire. Comme vous nous l’aviez appris.
Et
je vous ai vu dans le dernier acte.
J’aimais votre
esprit et votre savoir gigantesque.
Vous
étiez et vous resterez toujours l’unique.
On
peut amener un cheval dans l’eau mais pas le forcer à penser.
Je
voulais écrire. Une phrase aussi bonne que l’une des vôtres. Ma
montagne. Mon inspiration.
Vous avez écrit la
plus belle nouvelle courte jamais écrite : Rêves*.
* Allusions
à des œuvres de Delmore Schwartz
**
Allusion à une nouvelle de Delmore Schwartz, et sans
doute à sa vie.
MémoiARe
[– 2.] ou 50 AR pour
Delmore Schw tz
Scrutant
profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein
d'étonnement ,
de
crainte, de doute rêvant des rêves qu'aucun mortel n'a jamais osé
rêver ;
mais
le silence ne fut pas troublé, et l'immobilité ne donna aucun
signe,
et
le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! »
- C'était moi qui
le chuchotais, et un échos à son tour murmura ce mot :
« Lénore ! » -
Purement cela, et rien de plus.
Extrait de : Le
Corbeau d'EdgAR
Allan Poe.
Le
loup criait sous les feuilles
En
crachant les belles plumes
De
son repas de volailles :
Comme
lui je me consume .
Extrait de : Une saison en enfer de
Jean-ARthur Rimbaud.
J'ai
rêvé que j'étais Président des Etats-Unis,
j'ai
rêve que j'étais jeune et intelligent et que je n'était pas un
désastre,
j'ai
rêvé qu'il y avait un sens à la vie et à l'espèce humaine.
Extrait de : Le jour où John Kennedy est mort
de Lou Reed.
Prologue :
J'ai
pARfois l'impression que les années de mon enfance
appARtiennent plutôt au début du dix-neuvième siècle, et,
comme dit le poète, je crois avoir plus de souvenirs que si j'avais
mille ans.
Le
8 décembre 1913, Delmore – nul ne l'a jamais appelé autrement –
se vit infliger l'existence.
La
grande pARrade d'un AR :
À
la piquette des jours de son printemps littéraire, Delmore SchwARtz
a pour projet de traduire Jean-ARthur Rimbaud, afin de
célébrer l'appARition de la lisière de sa vive saison...
PARade, peut-être conviendrait : Dans des costumes
improvisés avec le goût du mauvais rêve, ils mêlent les tours
populaires, maternels, avec les poses et les tendresses bestiales ».
Belle épigraphe en perspective, rêve-t-il en reposant le
précieux fascicule, mais difficile à rendre tout de même...
Motherly tricks pAR exemple... Il note que ces
Illuminations furent éditées pAR Fénéon, justement
l'un des rARes amis de Seurat... CirculAR
letter...
...Delmore
opérera de déconcertantes allées et venues, comme en
l'oscillation perpétuelle d'un pendule tantôt « cuivre »,
tantôt « clairon »... Rimbaud était là certes,
qui le prévient toujours : ne pas demeuré « aussi
ignoré que le premier venu auteur d'Origines »... In dreams
begin... Lettre du voyant... Recommandée...
…
Les ARticles concernant sa traduction de Une
saison en enfer, défavorables pour l'ensemble. Un vrai
scandale ! ImpARdonnable ! Les journeaux et
magazines de New York débordent d'indignation non contenue : on
pARle de « sacrilège », de « négligence
malheureuse », « d'omissions inadmissibles ». La
très critique et non moins redoutée Mary Colum, amie de Joyce (ce
qui envenime la plaie) concède néanmoins à Delmore « l'ARt
d'accommoder les antisèches »... Delmore plaide le malentendu,
son but étant non pas d'accomplir une traduction littéraire mais de
livrer une version littérale, juxtalinéaire, qui puisse notamment
constituer une aide pour les étudiants en langue française.
D'ailleurs « the greatest of translations, the King James
Bible, is full of errors »... Ainsi, Delmore admet s'être
plus fié à son intuition – n'est-il pas lui-même poète ? -
...qu'au dictionnaire... Les flèches que lui décochent
l'intelligentsia sont telles qu'il ne saura tirer nul réconfort de
l'inattendue approbation de T.S. Eliot, lequel a jugé le travail de
son distant sectateur « pas mal du tout »...
...Mais
les « erreurs » innombrables que l'on se plaît à
relever peuvent aussi bien appARaître comme autant de
savoureux « lapsus » :
- « Troupeaux » devient « trumpets » : au jugement dernier, le « saigneur » ne rassemblera-t-il pas toutes brebis ? Ou comment les moutons de Panurge cèdent aux trompettes de la renommée...
- « je rêvais » devient « I review » : agaçant pour un critique puriste, certes ! Mais rêver, n'est-ce pas revoir ?
- « lendemain » devient « yesterdays » : chanson bien plus émouvante de Jerome Kern que de celle au même titre de The Beatles... Delmore se tient résolument on the other side of no tomorrow...
- « fils de famille » devient « son of the house » : besoin d'évasion ?
- « drôle de ménage » devient « peculiAR house-hold » : dècidément quelques problèmes d'ordre domestique !Et ce ad libitum...
...Une
seconde édition revue et corrigée est publiée à la fin de
l'année, mais pour Delmore, ce début de 1940 demeurera à jamais
associé à la fin de quelque chose. Peut-être eût-il été mieux
inspiré de repasser, ce que je ne pense pas, de repasser/repenser
d'un peu plus près ses voyelles, ou plutôt sa
voyelle (voyance?) : A
schwARzt....
A
noir. A black. Facile
à traduire !?
[…]
( Un soir d'hiver, sa voisine Cornélia – Nela -Walcott peintre de
son état qui fumait et buvait énormément fait brûler
accidentellement un matelas ; réveillée à temps, Nela avertit
ses voisins qui l'aident à transporter the
smoldering mattress (attention
au contresens) dans le jARdin
enneigé où le matelas achève de se consumer. Delmore crut-il voir
Hypnos et Thanotas emmenant le corps de Memnon ? Toujours est-il
que dès le lendemain on enlève ce qu'il reste du matelas et c'est
une identification noire dans la neige... Harry Levin, un ami avec
lequel Delmore c'est définitivement brouillé, intervient sur cet
entrefait et déclARe
de manière sARcastique
« qu'il s'agit là de la tombe de Delmore », as
cleAR
as black on white...) […]
[…]
Delmore ne vas plus cesser de creuser cette veine :
quinze ans plus tARd,
le 24 juin 1955, il rédige dans son Journal,
en un
des gestes les plus morbides, son propre obituaire, nécessairement
incomplet : SchwARtz,
Delmore, U.S. Poet (1913- ) in E.B (Encyclopédia Britannica).
L'indentation est blanche, cette fois, SchwARtz,
signifie noir en allemand. Du nom
comme mausolée... Puis, après entrée, il va décliner son prénom
jusqu'à une complète décomposition : Delmore
de la Mort. De la Mors + De la Mère, wAR,
mARe,
MARs,
Del MARs,
I Del Mented, De la Mort ?
Delmore ? Un nom
rARe,
une maladie rARe.
Litanie : nightmARe,
nicht mehr, nevermore (Le Corbeau
d'E.A Poe est là!?), morose, Moros...
« Nuit enfanta Moros »...
Toute la kyrielle ! « Moros
signifie le lot de vie et de mort,
mais la valeur s'est fixé dans le sens funeste (Clémence Ramnox
dans La Nuit et les enfants de la nuit,
Flammarion).
Plus loin : « Delmore
SchwARtz
(dis Delmore have a middle name?) ». Non,
puisque Joseph portait malheur... Inconsolable, Delmore lisait
souvent Joseph et ses frères de Thomas
Mann, livre qu'il ne pouvait se
résoudre à quitter... Le rêve de
Jacob auquel manque un échelon.
Donc, nul intercesseur.
[…]
Evidemment ! Dans un recueil (bagatelles)
se trouve un essai intitulé Iago
or lowdown on life... De bas étage,
comme l'hôtel... l'alter-Iago... Certains érudits se demande encore
pourquoi ShakespeARe
a appelé Othello ainsi, et aussi pourquoi cette négritude
ambiguë... Procédons : hot...
hell... low... Le More... Delmore
Black qui brûle de jalousie rentrée... qui tente donc de détromper
sa femme avec d'autres... J'avais passé
la nuit avec June dans un hôtel. « Il y aura des biographies
sur toi » - quand je suis retourné chercher ma pique à
l'hôtel...
[…]
Pas encore éclose, cette « maladie rARe »... nous
n'en sommes qu'aux sonnets...
Mais laissons Robert Lowell conclure en poète cette
question du nom :
Delmore – your name, schwARtz
One
vowel bedevilled by seven consonnants....
« Voyelle
endiablée par sept consonnes », Delmore avait-il une chance ?
A noir...
Mais peu importe, le mal est fait : avec ce
qu'il appelle dorénavant le Rimbaud
disaster, Delmore vient de subir son
premier revers (et je ne peux m'empêcher d'écrire RE-VERS
et d'ajouter de SCHW__TZ
).
Epilogue :
12 août 1962 : dernier ARticle,
publié dans la New York Book review.
Titre : La
Terreur est absolue.
Août 1962 : grâce à l'aide infiniment
discrète de ses amis, Delmore est « admis » à enseigner
à l'université de Syracuse, New York State. Au programme : La
vie comme interprétation de la littérature ». parmi les
élèves, un certain Lou Reed à qui il fera pARtager
son goût pour Ulysse : you will
be my my Dedalus, awright ?
2 janvier 1963 : assassinat de Kennedy. Ce
jour-là, Delmore gardait l'écluse à l'Orange BAR en
compagnie de ses étudiants, dont Lou Reed, quand la nouvelle les a
foudroyés au comptoir telle une brochette de civils égARés,
et ce par le truchement d'un vulgaire téléviseur :
- Grave (c'est la tombe!) d'interrompre Yale-HARvARd !
- Shot twice in the head !
- Delmore, plus tARd, j'écrirai une chanson sur ce jour...
- Quel jour ?
- The day John Kennedy died... (Lou Reed l'écrira pour l'album The Blue Mask pARu en )
Fin 1965 […] Lou Reed cherche à revoir son « ami
et professeur ». En vain.
Presque plus personne.
Signe
pARticulier :
déteste le rock and roll
Sur
sa tombe, il voulait que figure fier et Arthurien.
LA
METAPHORE FUT SON SALUT
DELMORE
SCHWARTZ
BROOKLYN
1913 – MANHATTAN 1966
PARti chez les Muses
PARti chez les Muses
Travail
de recomposition de Ch-Edziré Déquesnes, d'après des pages de
DELMORE
SCHWARTZ ou le démon de l'origine de Daniel Bismuth.
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